De Bagan à Mandalay


De Bagan à Mandalay



- Sur les rives de l'Irrawaddy -

Du 18 au 27 février 2017 Birmanie 6851 km

Derniers jours en Birmanie, derniers jours de ce périple. On finit en beauté (et en famille!) par les temples grandioses de la vallée de Bagan, et les anciennes capitales royales de la région de Mandalay.

Le voyage touche à sa fin... mais pas pour tout le monde!


La magie de Bagan

Nous arrivons à Bagan aux aurores, après une nouvelle nuit de bus, finalement pas si horrible que ça. Cette fois, on a même presque pu dormir puisque le chauffeur nous a épargné la clim à fond, les prières bouddhistes, les clips "niais" et les films ringards. Le temps de négocier un taxi pour les uns et de rejoindre Nyaung-U à vélo pour les autres, et nous nous retrouvons rapidement attablés autour d’un copieux petit déj, de quoi bien démarrer la journée.

Bagan, on en rêvait depuis longtemps. Il est des lieux comme ça, qui ne nous semblent pas totalement inconnus, que l’on a déjà admiré de nombreuses fois dans les livres ou les magazines, en se disant : “un jour, peut être?”. En préparant ce périple, nous n’avions pas d’exigences particulières quant à l’itinéraire, mais une chose était sûre : si on passait près de la baie d’Halong, d’Angkor ou de Bagan, le détour s’imposerait!

Après près de 3 mois en Asie du Sud Est, la barre était haute; des temples, on en a vu à la pelle, on commencerait même à en faire une overdose. Mais Bagan a surpassé toutes nos attentes et même les moins captivés d’entre nous ont su apprécier les charmes de ce lieux enchanteur, c'est dire!

Temples de Bagan
Des temples à perte de vue

Notre recette pour profiter pleinement de la magie de Bagan :

  • Avant l’aube tu te lèveras
  • Ton e-bike tu enfourcheras. Eh oui, les 2 roues à moteur sont interdits aux touristes et les scooters électriques ont gagné à l’unanimité le combat contre les vélos (même nous, bande d’ingrats, avons choisi de les laisser se reposer au garage), il faut dire que sur les pistes sablonneuses, c’était pas très engageant.
  • Les temples tu escaladeras pour admirer la vue
  • Les chinois (et leurs armées de trépieds) tu ignoreras
  • A la fatigue tu ne céderas pas (enfin pas tout de suite), et de la quiétude du petit matin tu profiteras
  • Les grosses chaleurs tu fuiras, à ce moment tu te reposeras
  • Remotivé tu repartiras
  • Sur les pistes tu te perdras
  • Les cascades dans le sable tu éviteras (certains pilotes moins aguerris ont tout de même fait manger la poussière à leur passager. Restons fair-play, on ne balancera pas les noms... C’était bon Agnès?)
  • Le coucher du soleil tu admireras
  • Le soir, tu te reposeras. Pour mieux recommencer le lendemain…
Pas si fatigués finalement?!
Pas si fatigués finalement?!

Oui, c’est bien beau tout ça, mais ça reste des temples (ou plutôt des ruines), nous direz-vous. Et bien oui… et non! Il y aurait plus de 2500 monuments, de quoi vite se lasser. Mais ce que nous avons vraiment aimé à Bagan, ce ne sont pas tant les temples, même si certains valent franchement le détour; c’est surtout cette atmosphère si particulière. C’est prendre le temps de se perdre sur les petites pistes qui sillonnent la vallée au milieu des centaines de stupas, pagodes et temples, flâner dans les petits villages, contempler la vue depuis les terrasses des temples, s’émerveiller devant touts ces dômes qui émergent d’entre les bois à perte de vue… Même les vendeurs de souvenirs quelques peu insistants qui nous assaillent de "c'est joli, c'est pas cher... moins cher qu'à Leclerc" (oui oui, en français dans le texte), et les touristes (finalement pas si nombreux) n’ont pas entamé notre enthousiasme.

En se perdant sur les pistes au coucher du soleil
En se perdant sur les pistes au coucher du soleil

Mais Bagan, ce ne sont pas que des vieilles pierres. Nous sommes aussi tombés sur un magnifique monastère tout en teck, aux toitures, montants et portes minutieusement sculptés et ciselés. Une vraie merveille. Comme ce moment que nous avons passé à jouer et discuter avec les enfants du village. Beaucoup d’entre eux se retrouvent aux abords des temples pour vendre des souvenirs aux touristes, souvent leurs dessins en guise de carte postale. Triste réalité. Pourtant, passé ces premiers instants un peu attristants, ils redeviennent vite des enfants de leur âge, rieurs et taquins.

Dans ces petits villages, nous avons aussi pu découvrir la fabrication des laques, caractéristiques de la région. La sève d’un arbre spécial, le Melanorrhoeausitata (oui vous avez bien lu!), est utilisée pour peindre/enduire les objets faits de teck, de bambou, de paille ou même de crins de chevaux. Un travail minutieux et fastidieux.

Fabrication de laques
Fabrication de laques

Le clou du spectacle a été incontestablement le lever de soleil sur la vallée. Après une première tentative décevante (la faute à des dizaines de chinois bruyants et envahissants), nous avons déniché notre petit temple parfait. Méconnu, peu accessible, mais idéalement placé et offrant une superbe vue. Nous avons pu savourer pleinement cet instant. Les premières lueurs sur la vallée brumeuse, au calme. Un pur moment de magie, riche en émotions. Indescriptible. Ça y est, on y était. C’est beau. Tout simplement beau.

6h20 : le spectacle commence...
6h20 : le spectacle commence...

Mandalay et les anciennes capitales royales

Nous quittons Bagan pour rejoindre Mandalay, en bateau cette fois. Pour ne pas bousculer les habitudes, réveil aux aurores pour prendre le large avant le lever du soleil. C’est encore à demi endormis que nous embarquons sur le bateau pour y finir notre nuit. Le trajet est long et la journée s’écoule doucement : on dort, on lit, on écrit, on papote, on profite du paysage… pour finalement arriver à Mandalay en fin de journée.

Les premières impressions sont bonnes. Si l’on oublie le traffic chaotique, les klaxons, le bruit, l’effervescence, les voitures, tuk-tuk et scooters qui déboulent de partout, ça serait presque un plaisir de traverser la ville à vélo. Est-ce le vélo ou cette ville? On retrouve des sourires, des regards amusés, des mains levées… On aura confirmation quelques jours plus tard : le scooter fait le même effet! Néanmoins, Mandalay reste une très grosse ville qui ne nous emballe pas vraiment.

Sur le Zegyo - Mandalay
Sur le Zegyo - Mandalay

On préfère s’en échapper pour aller explorer les environs et découvrir les anciennes capitales royales. Première halte à Ava (Inwa) et ses splendides monastères en brique et en teck perdus dans une campagne verdoyante. On commence à sacrément prendre goût aux balades en scooter, un sentiment de liberté proche du vélo, l’effort en moins, et on prend plaisir à arpenter les petites routes au milieu des rizières. Puis, direction Sagain, sur l’autre rive de l’Irrawaddy, et ses myriades de stupas et pagodes dorées, perchées sur les collines, étincelantes sous la lumière du soleil couchant. Enfin, Amarapura et son célèbre pont en teck, le plus long du monde. On s’y attarde pour flâner dans les ruelles, guidés par le cliquetis régulier des métiers à tisser, émanant des nombreux ateliers de la cité.

Pont U Bein - Amarapura
Pont U Bein - Amarapura

Nous profitons de nos derniers jours à Mandalay pour poursuivre nos découvertes. Comme les batteurs d’or qui fabriquent à force de coups de masses, ces fines feuilles d’or qui recouvrent les statues de bouddhas et monuments religieux; ou encore le marché de jade, le plus important au monde. La Birmanie possède de nombreuses ressources naturelles et notamment d’importants gisements de pierres précieuses. Situées en zone interdite dans le nord du pays, les mines de jade sont la propriété exclusive de la junte militaire. Ici, à Mandalay, on peut voir les artisans qui taillent, transforment, polissent, sculptent…; les commerçants défilent devant les experts pour faire expertiser leurs pierres; vendeurs et acheteurs semblent négocier simplement autour d’une petite table alors que les plus gros acheteurs (souvent des chinois, parmi les plus gros importateurs) s’installent confortablement, attendant le défilé des vendeurs qui présentent leurs plus belles pierres. L’ambiance qui y règne est surprenante et fascinante : salles de billard, jeux d’argent incompréhensibles, bétel et cigares à gogo, c’est un milieu d’hommes tout ça.

Alors, c'est d'la bonne?
Alors, c'est d'la bonne?

Clap de fin

Alors que nos visiteurs repartent chacun à leur tour, nous vivons nos derniers jours en Birmanie. Nos derniers jours de ce merveilleux voyage. Les sentiments se bousculent. Après cette douce transition en famille, nous sommes tiraillés entre l’envie de rentrer, retrouver notre cocon, et celle de poursuivre cette aventure, de continuer à pédaler, vers de nouvelles rencontres, de nouvelles découvertes.

Défilé de nonnes dans les rues de Mandalay
Défilé de nonnes dans les rues de Mandalay

A l’autre bout de la Birmanie, ça cogite pas mal aussi. Yann et Céline, que nous avons quitté quelques jours plus tôt sont en totale remise en question. Le voyage c’est bien, à vélo c’est mieux… ils commencent à s’en convaincre. Persuasifs malgré nous, notre aventure les a rendus songeurs. Alors que la question n’en était même pas une à leur départ, ils se mettent à gamberger. “Et si on en était capables? Et si c’était ce qu’on cherchait?... Aller, c’est décidé, on se lance!... Mais… euh… vous sauriez pas où trouver des vélos d’occas’?”

Au cours de ce voyage, nous avons pris un paquet de claques. L’une des plus marquantes, c’est certainement de voir la gentillesse et la bienveillance avec laquelle nous avons très souvent été accueillis, mais surtout la générosité de tant de personnes croisées en chemin. De quoi nous faire réfléchir. On pensait y être plus sensibles à notre retour, on voulait agir dans ce sens. Nous y voilà. L’occasion parfaite. La continuité logique de ce voyage.

Branle-bas de combat dans le sud du pays, Yann et Céline changent radicalement leurs plans pour débarquer à Mandalay 35h de bus plus tard. On passe donc notre dernière journée à échanger/réorganiser les bagages et les briefer sur le matériel et donner les dernières recommandations pour les vélos. Mais surtout, on profite de cette superbe dernière journée pour flâner dans les allées animées du marché, se gaver de fruits exotiques, bavarder en terrasse autour d’une bière et trinquer à ce nouveau départ.

On trinque à la fin du voyage des uns... et au nouveau départ des autres! (rassurez vous, Elicola rentre avec nous!)
On trinque à la fin du voyage des uns... et au nouveau départ des autres! (rassurez vous, Elicola rentre avec nous!)

La petite larme est inéluctable lorsqu’en fin de journée, nous voyons nos compagnons s’éloigner dans le brouhaha de la ville, mais on est heureux de pouvoir contribuer ne serait-ce qu’un petit peu à la réalisation de leur nouveau projet, et ravis que nos vélos poursuivent leur chemin (soyons honnêtes, ils seront bien mieux ici, à voir du pays, qu’à faire les trajets quotidiens maison-boulot-maison). Ce voyage nous a comblés, bien plus qu’on aurait pu l’espérer. Espérons qu’à leur tour, ils se régaleront sur les routes d’Asie, ou même d’ailleurs! Bon, on espère quand même les retrouver dans quelques mois!

Bonne route les amis... à dans 5 mois!
Bonne route les amis... à dans 5 mois!

A notre tour, nous décollons le lendemain, direction Toulouse, non sans quelques petits détours : Bangkok, Shanghai, Paris… back home.

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