De Bangkok à Mae Sot


De Bangkok à Mae Sot



- Quand on partait sur les chemins... à bicyclèèetteu -

Du 27 janvier au 3 février 2017 Thaïlande 6370 km

On quitte rapidement la frénésie de Bangkok pour se diriger vers le nord, puis la frontière birmane, en faisant un petit détour par Sukhothai et les montagnes.


A travers les plaines du centre

On repart de Bangkok comme on y est arrivés, en train. C’est pas le tout, mais on est attendus dans une quinzaine de jours à Rangoun, en Birmanie, et il faut qu’on s’avance un peu pour espérer y arriver à temps. Sans compter que nous n’avons pas vraiment envie de pédaler dans cette jungle urbaine pour en sortir. Encore une fois, prendre le train en Thaïlande est un jeu d’enfants et nous nous retrouvons rapidement les vélos dans le wagon cargo, et nous, juste derrière, entassés sur les banquettes bien fermes de ce train bondé. Avec nos vélos, nous n’avons pas pu prendre le train express et nous devons nous contenter du local, à savoir, celui qui s’arrête partout et qui met un temps fou à sortir de Bangkok. Passé Ayuthaya, l’ancienne capitale du Siam, nous sommes les seuls étrangers dans notre wagon, au milieu des thaï. Le trajet est rythmé par les allers et venues des vendeurs ambulants proposant sodas frais, plats de riz ou autres en-cas non identifiés, le jeu des chaises musicales à chaque arrêt, nos jeunes voisins qui grignotent tout en jouant sur leur smartphone, la mamie d’en face qui nous pose des questions de temps à autre, et le paysage qui défile lentement à travers la fenêtre ouverte. Notre peau colle sur les sièges en sky et on a bien chaud malgré les ventilateurs qui tournent à plein régime. Le trajet nous paraît interminable, nous arrivons à destination après plus de 7h. Nakhon Sawan est en fait une grosse ville et il est trop tard pour espérer s'en éloigner ce soir et trouver un chouette coin de camping. On ne reprendra vraiment le vélo que le lendemain.

Dans le train pour Nakhon Sawan
Dans le train pour Nakhon Sawan

Notre itinéraire suit d’abord la rivière Ping. Nous nous perdons sur les petites routes qui longent la rivière, parfois des pistes, qui n’apparaissent même pas sur notre carte. Nous traversons quelques petits villages, mais contrairement aux derniers pays traversés (on pense particulièrement au Cambodge et au Laos), les gens semblent un peu moins vivre à l’extérieur. Nous croisons beaucoup moins d'enfant sur les bords de route, ou sur le chemin de l’école, et pourtant il y a bien des écoles un peu partout. Ainsi, les traversées de villages sont moins animées et nous paraissent un peu fades. 

Sur les rives de la rivière Ping
Sur les rives de la rivière Ping

Au détour d’une piste, on tombe sur le véritable monkey temple (de quoi ridiculiser le monkey temple de Kathmandu). Ici, les moines et les thaï de passage semblent nourrir les singes à longueur de journée, si bien qu’il y en a des centaines (certains diraient des milliers)!!! Les moines se baladent avec de gros sacs de graines, et les singes les suivent en troupeaux. Ils sont à l'affût de la moindre miette et n'hésitent pas à montrer les dents ou à se monter dessus pour ne pas être en reste. Chacun pour soi, les plus forts font la loi! Alors quand Élise se retrouve avec un régime de bananes dans les mains au milieu de tout ce petit monde, elle n’est pas franchement rassurée… On se demande quand même quel est l’intérêt de nourrir tous ces singes, quand Bouddha doit vivre derrière un grillage pour survivre à cette invasion!

C'est l'heure de la soupe!
C'est l'heure de la soupe!

On quitte ces rivages pour s’enfoncer un peu plus dans la campagne Thaïlandaise. Ici encore, on cherche à éviter les routes principales, un peu trop passantes à notre goût, privilégiant les toutes petites routes qui zigzaguent entre les champs, quitte à faire quelques petits détours. Autour de nous, l’activité bat son plein dans les plantations de canne à sucre : c’est l’heure de la récolte et nous voyons beaucoup d’ouvriers occupés à moissonner à la machette, le visage caché sous leurs cagoules; pendant que les camions pleins à craquer acheminent la récolte vers les usines. Dans cette région, les paysages ne sont pas spectaculaires, mais les splendides rizières verdoyantes contrastent avec la monotonie de la route, et les petites cigognes (ou Bec-ouvert Indien) qui s’envolent à notre passage nous rappellent un peu nos campagnes (on pourrait presque se croire dans les plaines picardes, la chaleur et les cocotiers en plus, on vous l’accorde).

La campagne thaïlandaise
La campagne thaïlandaise

Avec tous les temples que nous voyons sur les bords de route, on commence à faire les fines bouches pour camper, jusqu’à trouver le plus chouette. C’est comme ça qu’un soir, on se retrouve à laisser passer plusieurs opportunités, pour ne finalement plus rien voir pendant 20 km. On atterrira dans un temple qui ne peut pas nous accueillir car le marché s’y tient le lendemain matin. Les moines tentent de nous trouver une solution et après plusieurs coups de fil, nous proposent un autre temple, à 8 km de là, mais pas du tout sur notre route. Va-t-on leur expliquer qu’on ne vient pas de faire 100 bornes pour faire demi tour... Par chance, un autre temple se trouve sur notre chemin un peu plus loin. Mais les moines pas franchement aimables, refusent de nous prêter un petit carré d’herbe… nous repartons totalement dépités, sans savoir quoi faire au bord de cette grosse route, à la nuit tombante, si ce n’est se diriger vers le “resort” que tout le monde nous a indiqué. Et là, miracle, comme souvent dans ces impasses, la gérante accepte immédiatement que nous plantions la tente dans le joli jardin. Camping idéal avec douche, wc, élec, wifi (de quoi mettre le blog à jour), coin sympa pour manger et passer la soirée… et tout ça gratuit! Que rêver de mieux? (Ah si, peut être un peu moins de moustiques!) Merci pour tant d’hospitalité et de gentillesse!

Ironie du sort, quand on reprend la route le lendemain, on ne croise pas moins de 5 temples en quelques km seulement...

Serpents, dorures et toits en cascades typiques de l'architecture  des temples thaïlandais
Serpents, dorures et toits en cascades typiques de l'architecture des temples thaïlandais

Sukhothai, un petit air d'Angkor

Nous arrivons à Sukhothai après un peu plus de 2 jours de vélo, et nous arrêtons déjà pour une petite pause. Sukhothai est la première capitale du Siam, fondée en 1238 et mettant fin au règne khmer d’Angkor Wat. Il n’en reste aujourd’hui que des ruines. Nous passons un bon moment à nous promener dans cet agréable parc, au milieu des magnifiques arbres centenaires et des nombreux vestiges de temples, construits en latérite et en brique. Un petit air de brique Toulousaine sous le soleil couchant…

Fin de journée à Sukhothai
Fin de journée à Sukhothai

A Sukhothai, pour la première fois du voyage, nos plans sont cruellement ébranlés. Pour une raison totalement stupide, Nico, qui a voulu piquer les carottes d’Élise (quelle idée, aussi!), s’en est cassé une dent. Nous faisons du coup face à un gros dilemme. La raison nous dirait de stopper net et d’amputer notre programme pour aller consulter un dentiste thaïlandais avant que les choses ne dégénèrent (Nico n’a pas envie de finir chez un arracheur de dents birman) alors que le coeur nous pousse à tenter notre chance et continuer pour profiter de nos derniers jours de vélo. Après bien des hésitations, et comme la fameuse dent n’est pas douloureuse, on décide finalement de reprendre la route comme prévu vers Mae Sot. Une fois sur place, Nico se porte plutôt bien; le mélodrame est passé et on continue donc vers la Birmanie. On croise fort les doigts pour que ça tienne jusqu’au retour, peut être même qu’on ira faire une offrande à Buddha. En attendant, pour mettre toutes les chances de notre côté, fini les glaces à toutes les pauses!

L'un des nombreux bouddhas de Sukhothai
L'un des nombreux bouddhas de Sukhothai

Nous quittons Sukhothai par des petites routes qui nous font découvrir toujours plus de temples. Si la plupart des édifices sont concentrés dans le parc historique, de nombreux autres bâtiments sont disséminés dans les rizières et les forêts environnantes.

Rapidement, la route que nous empruntons se transforme en piste et l'itinéraire repéré sur Google maps ne nous est plus d’aucune aide, nous ne trouvons même pas les chemins indiqués sur notre carte. D’après notre GPS, nous sommes au milieu de nulle part… On n’a plus d’autre choix que de se fier à notre flair et à l’orientation du soleil, pour retrouver notre chemin, non sans quelques ratés et détours inutiles. Jusque là, nous serpentions sur les pistes, à travers champs, sans vraiment croiser grand monde. Nous tombons finalement sur un village à l’heure de planter la tente. On est recalés à l’école, mais royalement accueillis au bord du terrain de foot devant la mairie. Ce soir, les sans-maillots affrontent les t-shirt… c’est Nico qui est content! 

Camping au bord du terrain de foot
Camping au bord du terrain de foot

Un petit goût de montagnes

Depuis Sukhothai, deux itinéraires nous permettent de rejoindre Mae Sot et la frontière Birmane : la route 105, plus directe mais aussi une 2x2 voies très chargée ou la route 1175 qui passe par les montagnes et le parc national khunpawor. On n’hésite pas longtemps et bifurquons sur cette dernière (surtout que plusieurs cyclo nous avaient avertis de l’enfer de la route 105). Et puis après plusieurs semaines de plat, les montagnes nous manquent un peu! À l’approche des montagnes, les paysages changent : les grands champs à perte de vue laissent place à des forêts aux couleurs d'automne, à la jungle luxuriante ou aux cultures à flancs de collines travaillées par les Hmongs et les Karens (2 des groupes ethniques présents en Thaïlande) de la région. Les gens nous paraissent aussi un peu plus avenants. Peut être ont-ils pitié de nous qui suons à grosses gouttes pendant les heures les plus chaudes de la journée plutôt que de rester sagement à l’ombre dans un hamac? En tous cas, les pouces se lèvent de plus en plus souvent sur notre passage, et les sourires et petits mots d’encouragements se veulent plus fréquents et chaleureux.

Les montagnes de l'ouest
Les montagnes de l'ouest

Nous arrivons finalement au parc national Khunpawor après l’une de nos plus grosse étapes de montagne.. Pour notre dernier camping en Thaïlande, le coin est idéal : une belle pelouse, douches, toilettes, un beau coucher de soleil, un ciel étoilé et un coin cuisine pour la popote. Nous fêtons ça avec un repas gargantuesque : curry de courges et tomates au lait de coco et gingembre, accompagné des traditionnels spaghettis chinois!

Dernière nuit sous la voûte céleste en Thaïlande
Dernière nuit sous la voûte céleste en Thaïlande

On pensait rejoindre Mae sot par une longue descente… que nenni! Ce sont plutôt une succession de petites montées et descentes casse-pattes qui nous permettent de rejoindre la ville frontalière. Heureusement, les paysages ruraux et les villages traversés sont plutôt sympa! Sur la route, nous croisons nos premiers birmans, facilement reconnaissable avec leurs longyis (longs tissus portés comme de longues jupes). Mae Sot est une ville très cosmopolite, où l’influence birmane est très visible. C’est un peu comme un avant goût de ce qui nous attend dans quelques jours!! C’est très enthousiastes que nous franchissons notre dernière frontière du voyage.

Sur le marché de Mae Sot
Sur le marché de Mae Sot

Pour ceux qui ont eu le courage de nous lire jusqu’ici, voici un véritable scoop… Après une longue enquête de terrain, nous avons démasqué le gang à la cagoule!! Principalement implanté en Thaïlande, il a des ramifications un peu partout en Asie du Sud-Est. On les retrouve surtout par de grosses chaleurs, parfois près de 40℃, et en plein soleil. Ils se déplacent souvent à scooter, mais on les trouve aussi à l’arrière des camions, sur des tracteurs, et même à vélo! Durs à la tâche, ses membres exercent des activites variées, dans les champs, sur la route, ou dans les travaux publics. Nous avons bien tenté de les infiltrer mais de nombreuses questions restent sans réponses… Pourquoi se cachent-ils? Qui est leur chef? Quelle cause défendent-ils? Si vous avez des éléments de réponses, n’hésitez pas à nous les transmettre! Aux dernières nouvelles, des cellules se développent actuellement par chez nous, mais dans des températures beaucoup plus fraîches, et avec de grandes planches aux pieds. Si jamais vous en croisez, ne paniquez pas! Malgré un aspect plutôt inquiétant, ils se révèlent en général très avenants et hospitaliers...


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