Plateau des Bolovens et 4000 îles


Du plateau des Bolovens aux 4000 iles



- Cap au sud du Laos -

Du 29 décembre 2016 au 8 janvier 2017 Laos 4797 km

Après quelques jours de “vacances” en famille pour les fêtes, nous retrouvons nos vélos et reprenons la route vers le sud du Laos, avec un petit coup d’accélérateur.


Fini les vacances!

Benoît reparti, nous restons à Vientiane une journée de plus, en attendant le bus qui nous emmènera à Pakse, dans le sud du pays, à 670 km de là. C’est pas l'tout, mais on n'a pas vraiment avancé ces dernières semaines, et il va falloir accélérer un petit peu, d’autant plus que nos visas (qu’on avait pris soin de renouveler à Luang Prabang), vont bientôt expirer. Pas le temps donc, de traverser tout le pays à vélo. De toutes façons, tous les cyclos s’accordent à dire que cette portion de la route 13 n’est pas transcendante, nous zappons donc cette partie.

On profite de cette dernière journée off pour régler les classiques questions d’intendance (vraie lessive, ravitaillement,…). C’est aussi un moment fatidique pour nous, car nous avons enfin réservé nos billets de retour. Sniff! Non sans un petit moment de panique d’ailleurs puisque pour une sombre histoire de miles, il n’y avait plus de billets disponibles après que Nico ait réservé le sien. Élise avait alors pour choix de rentrer un autre jour, de payer son billet plus de 2000 euros, ou encore de voyager en business. Des 3 options, la business de l’A380 était la plus tentante (Élise s’y voyait déjà) jusqu’à ce qu’on comprenne qu’elle était elle aussi inabordable. Bref, on vous passe les détails, mais après près de 2h pendus au téléphone avec Air France,  tout est rentré dans l’ordre et nous rentrerons bien par le même vol. Atterrissage prévu à Toulouse le 28 février… avis au comité d’accueil! 

Vientiane by night
Vientiane by night

Après toutes ces émotions, nous prenons la route vers le sud, à bord d’un bus couchette VIP, qui n’a de VIP que le nom d’ailleurs. L’agencement est semblable à celui que nous avions pris pour Luang Prabang à cela près que les couchettes sont encore plus réduites. Même Élise ne peut pas s’allonger de tout son long. Bonjour le confort! D’autant plus que malgré nos demandes, nous sommes placés juste au dessus des essieux arrières… on a été bien ballottés toute la nuit.

Plateau des Bolovens

C’est pas franchement reposés que nous remontons sur nos selles de bon matin, direction le plateau des Bolovens, réputé pour son café, ses cascades et ses super spots de baignade. Nous qui croyons en avoir terminé avec les difficultés, c’est raté. La première étape est une looongue montée, qui nous amène sur le plateau, sous un soleil de plomb. Choc thermique, mal aux fesses, mal aux genoux, mal aux cuisses… la reprise est rude, on se sent comme après… des vacances de noël. Mais nous sommes récompensés en fin de journée par de belles cascades, les plus hautes du Laos, rien que ça!

Chutes de Tad Fan
Chutes de Tad Fan

La reprise du vélo est l’occasion de ressortir nos affaires de camping. Et c’est dans un temple (ou plutôt sur une belle pelouse à côté du temple), avec Nabil, un cyclo français croisé en route et avec qui nous avons fait un tout petit bout de chemin, que nous nous installons après avoir eu l’autorisation des moines. Aucun d'eux ne parle anglais, et les échanges se font par l’intermédiaire de Google translate sur leur téléphone et on ne sait jamais ce qui est réellement traduit. Autant dire que ce sera une discussion pleine de quiproquos et très limitée… 

La route entre Pakse et Paksong est très passante et nous sommes surpris de voir autant de camions, et surtout de véhicules privés. Mais pas de demi mesure ici, entre les scooters et les énormes pick-up. Heureusement, la route devient bien plus agréable lorsque nous bifurquons vers le nord.

Les grains de café sèchent au soleil
Les grains de café sèchent au soleil

Sur le plateau, nous roulons entre les plantations de café et de manioc. Dans les nombreux villages ethniques que nous traversons, les grains café et les racines de manioc sèchent au soleil. Nous profitons d’une halte dans la plantation de café biologique de M. Vieng pour en apprendre un peu plus sur la culture et la transformation du café. Arrivés en fin d’après midi, nous sommes seuls et il nous accorde une visite rien que pour nous. On vous passe le cours complet, mais c’est passionnant. Dans sa plantation, au pied du plateau, des pieds de Robusta et de Libérica (2 des 3 types de caféiers, le 3ème étant l’Arabica qui pousse à plus haute altitude, sur le plateau) poussent à l’ombre d’arbre plus grands, dont une grande variété d’arbres fruitiers. Comme sa plantation est organique, il n’utilise pas d’insecticide. Du coup, les feuilles sont souvent recouvertes de grosses fourmis rouges, qu’il laisse tranquilles puisqu’elles ne s’attaquent qu’aux feuilles et non aux fruits. D’ailleurs, elles se mangent. Passé les craquements sous la dent, le goût citronné n’est d’ailleurs pas mauvais... Elles sont utilisées pour agrémenter les soupes de nouilles ou les salades de papaye!

Visite de la plantation de café
Visite de la plantation de café

M. Vieng nous initie également à la faune locale (hum, des serpents et des araignées!) et aux plantes médicinales (on ne se risquera pas à les chercher nous même). Et au cours de la soirée que nous passerons dans son charmant homestay, il nous en apprendra un peu plus sur la culture Katu (l’une des nombreuses ethnies minoritaires du Laos, qui vivait initialement dans les montagnes, près de la frontière avec le Vietnam) et Lao. Il nous explique par exemple que la coutume veut que son frère, qui se marie le lendemain, offre un cochon (qui servira de repas) et une grosse somme d’argent, à la famille de sa future femme, pour compenser leur perte. En retour, la famille de la mariée offrira du poisson. La laobeer fait aussi souvent partie des cadeaux. C'est seulement après cette cérémonie d’échange entre familles que les jeunes mariés auront le droit d’habiter ensemble, chez l’homme. Autre fait, plus marquant celui-ci, l’école est bien obligatoire, mais elle devient payante à partir d’un certain âge. Il faut donc déjà être privilégié pour poursuivre des études, mais aussi pour trouver un poste puisqu’il n’est pas rare de devoir acheter sa place, tant les institutions et la société sont corrompues. Quynh nous avait décrit un système semblable au Vietnam, ça laisse à réfléchir...

Depuis la cascade de Tad Song, court-circuitée par un barrage...
Depuis la cascade de Tad Song, court-circuitée par un barrage...

Nous découvrons aussi les sports nationaux que sont la pétanque, l’aérien et impressionnant sepak takraw (un genre de foot volley qui se joue avec une balle en bambou), la sieste, et le pire de tous… le karaoké! Les Lao sont fans de murs d’enceintes qui crachent du gros son sur fond de basses sur-saturées. On s’amuse à traverser des petits villages en pleine campagne, où à tout heure de la journée, petits et grands dansent, sur des musiques plus ou moins mélodieuses! Le contraste avec la quiétude du lieu et la simplicité des villages est étonnant. Et on ne vous raconte pas les karaokés de mariages en bord de route, quand le chanteur en est à son n-ième litre de lao lao, ou la soirée du nouvel an… 

Partie de sepak takraw
Partie de sepak takraw

On se met définitivement au rythme Lao, en mode détente. On s’arrête d’ailleurs quelques jours dans la région de Tad Lo pour profiter de l’ambiance relax de ce petit village et de balades vers les cascades alentours. On y passera le nouvel an, autour d’un sympathique dîner Lao. Mais nous n’aurons pas le courage d’attendre l’heure fatidique, épuisés comme on l’était. Et puis en vrai, avec le décalage horaire, on était debout pile à temps pour vous souhaiter une très bonne et heureuse année! Eh oui, on se couche comme des papys mais on se lève comme les poules (ou plutôt les coqs..)!

Cascade de Tad Lo
Cascade de Tad Lo

Le Laos était autrefois appelé le “pays du million d’éléphants”, mais ça c’était avant leur extermination. Aujourd’hui, il y en aurait moins d’un millier. Nous en avons vu en tout et pour tout 3, dont 2 à Tad Lo. Triste vie pour eux qui sont enchaînés à longueur de journée et dont le seul moment de “liberté” est leur bain quotidien. Bon, on doit bien reconnaître que le spectacle des éléphants qui font leur toilette dans le torrent est très sympa, d’autant plus qu’ils semblent y prendre un vrai plaisir.

Bain des éléphants
Bain des éléphants

Le Mekong et ses 4000 îles

Nous redescendons du plateau, avec un passage obligé par Pakse, mais pour éviter la route 13, l’axe principal Nord-Sud du pays, nous choisissons d’emprunter la route qui longe le Mekong sur sa rive droite.

Une première halte sympathique à Champasak, pour aller voir le Wat Phu, non loin de là. Le Wat Phu est un ancien temple khmer, par la suite transformé en sanctuaire bouddhiste. Il est certainement moins impressionnant que ses grands frères d’Angkor, mais on passe un agréable moment à découvrir ces ruines, à l’ombre des manguiers et des frangipaniers.

Wat Phu
Wat Phu

Nous en profitons également pour assister à une représentation du théâtre d’ombres, tout en musique et en chants traditionnels, interprétée en live. Le spectacle alterne avec la projection d’un classique du cinéma muet, tourné dans le nord du Laos dans les années 20 et dont la bande son est elle aussi interprétée en direct par les musiciens de la troupe. C’est ce film que nous espérions voir au départ, mais le théâtre d’ombres fut une agréable surprise.

Théâtre d'ombres de Champasak
Théâtre d'ombres de Champasak

Après Champasak, la route se transforme rapidement en piste et nous alternons entre un chemin qui surplombe le Mekong, entre “forêts” de bambous et habitations sur pilotis, et la piste, plus en retrait, mais plus roulante.

Cette route fait partie de nos coups de coeur au Laos. Elle est calme, très peu fréquentée (nous croisons seulement quelques vélos, scooters et tracteurs) et les gens sont tout simplement adorables. On ne peut même pas écouter nos podcast tranquilles, tant les sabaidee pleuvent de toutes part. C’est la première fois que nous entendons autant de “ouuuuh falang!” (“ouuuuh, un étranger”), “sabaidee falang!” (“bonjour, étranger”), tel un signal d’alerte pour que tous accourent nous saluer. Sous cette chaleur écrasante, on en aurait presque la bouche sèche de répondre à tous ces bonjours enjoués et chaleureux. Bref, un vrai bonheur de pédaler dans cette atmosphère bienveillante!

Le long du Mekong
Le long du Mekong

Les villages sont souvent pleins de vie, entre les enfants qui vont à l'école, les plus grands qui se retrouvent pour papoter et s'occuper des plus petits à l’ombre des maisons sur pilotis, ceux qui bricolent dans la maison, ceux qui s’occupent du potager, les animaux qui courent un peu partout (il y en vraiment plein partout, cochons, porcelets, canards, buffles, chiens, chiots, poules et poussins,... si bien qu’on a plusieurs fois frôlé l’accident!),... Bizarrement, on ne voit pas grand monde dans les champs, contrairement à la Chine ou au Vietnam, mais peut-être l'activité est-elle limitée à cette saison? Et lorsque, le soir venu, nous demandons l’hospitalité dans un temple, au milieu d'un village, c'est nous qui faisons le spectacle! Le message est vite passé, et nous nous retrouvons rapidement avec la moitié du village pour assister au montage de la tente ou à la douche des falang dans le Mekong (avec la piste poussiéreuse, on en avait bien besoin…). Après avoir vu notre tente posée à même le sol (étrange idée pour eux qui installent tout sur pilotis), ils auront pitié de nous et nous proposeront de nous installer dans le temple avec l’électricité et un ventilateur (vu la chaleur, c’est plutôt appréciable!).

Une bonne partie du village semble se retrouver ici pour jouer au foot et au sepak takraw pour les garçons, à cache-cache pour les jeunes filles avant la tombée de la nuit. Après quoi, ne resterons que le jeune moine de 14 ans (seul en charge du monastère si on a bien compris..) et 3 autres enfants. Une fois que notre public s’est restreint, nous allumons le réchaud et préparons le repas du soir sous le regard curieux de nos 4 jeunes hôtes.

Camping dans un temple au bord du Mekong
Camping dans un temple au bord du Mekong

Nous continuons la piste longeant le Mékong jusqu’à l’île de Don Khong que nous rejoignons par un petit traversier (2 pirogues reliées par une planche en bois). Nous arrivons dans la région des 4000 îles, où le Mekong s’élargit et se divise pour former un ensemble d’îlots. Le cadre est plutôt sympa, et après deux jours de piste poussiéreuse sous une forte chaleur (bon, ok on arrête de se plaindre ;) ), on craque pour une guest house avec piscine! L’après midi se résume donc à une petite sieste et un peu de farniente au bord de l’eau tout en contemplant la vue reposante sur le fleuve.

Nous traversons ensuite l’île de Don Som par de petits chemins tantôt au milieu des champs tantôt en bord de Mekong avant d’arriver sur l'île de Don Det beaucoup plus touristique. Le contraste entre les deux îles séparées par un bras du Mekong est surprenant. Quelques km plus loin, nous arrivons finalement sur l’île de Don Khon où le Mekong forme d’impressionnantes cascades. Nous prenons plaisir à parcourir l’île à vélo, de cascade en cascade et de baignades en baignades (bon, Élise a un peu moins apprécié les sentiers dans les herbes hautes et une forêt dense...). Décidément, on a bien pris le rythme Lao…

Mais après plus d’un mois dans ce pays, il est maintenant temps de partir à la découverte du Cambodge! 

Sur l'île de Don Khone
Sur l'île de Don Khone

Pour fêter cette nouvelle année, nous avons pris de bonne resolution : la page des défis est enfin à jour, et on a même mis quelques petites vidéos du Laos! Bonne année  à tous!!!

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